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Sommeil : que se joue-t-il les premiers mois pour la maman et son bébé ?

A l'heure où j'écris ma fille de trente mois dort dans sa chambre. Seule. A l'échelle de ma vie de mère et de sa vie à elle, c'est tout récent. C'est à l'âge de ses deux ans que s'est faite la bascule. A partir des deux mois de ma fille, il était délicat, - pour ne pas dire impossible -, qu'elle puisse dormir sans ma présence à ses côtés. Pour s'endormir, elle avait besoin de téter, d'être contre l'un de ses parents. Et pour rester endormie, elle avait besoin que je sois à côté d'elle. Mon compagnon et moi, avions deux possibilités : laisser pleurer notre fille jusqu'à ce qu'elle s'endorme d'épuisement ou nous adapter à son rythme et attendre que ses fonctions cérébrales maturent. Nous avons choisi de l'accompagner dans ses acquisitions, comme pour la marche, le langage ou la continence. Je me suis donc calée sur son rythme et j'ai pris l'habitude de me coucher à ses côtés pour les siestes et les nuits.  

Le quatrième trimestre de grossesse chez la maman

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Les trois premiers mois après la naissance, j'ai mis à profit cette particularité chez ma fille pour prendre soin de mon corps en pleine "dégestation".

 

Dormir autant que possible est nécessaire pour une nouvelle accouchée. C'est pendant le sommeil que le corps va régénérer ses tissus,créer de nouvelles cellules et cicatriser.

 

 

Pendant la grossesse tous les organes se sont modifiés : poumons, reins, foie, coeur et bien sûr, le muscle utérin qui multiplie par quarante son poids. L'accouchement produit lui aussi son lot de perturbations au niveau du bassin, de l'utérus, du vagin et du périnée. Et puis la jeune mère débute dans sa nouvelle fonction, elle a tant à apprendre. La capacité réparatrice du sommeil est donc vraiment bienvenue. 

 

 

Grâce à l'allaitement, le corps maintient des taux élevés de prolactine, d'ocytocine et d'endorphine. Les signaux de fatigue sont plus puissants qu'à l'accoutumée. Combien de jeunes mères s'étonnent de s'endormir n'importe où, n'importe quand. C'est finalement ce ressenti de fatigue qui oblige la mère à se reposer. Ces signaux peuvent être malheureusement perçus négativement lorsque la femme n'a pas assez de soutien autour d'elle pour accomplir les tâches du quotidien…

 

 

Le sommeil des mères qui allaite est également modifié : elles parviennent plus rapidement au sommeil profond, qui est très récupérateur. L'impression peut être donnée de s'endormir plus rapidement qu'avant de « tomber comme une masse ».

 

Enfin, les hormones produisent un état intérieur plus détendu, plus "relax". Pour les femmes qui sont habituées à agir telles des abeilles dans une ruche, cela peut-être mal vécu. C'est l'image d'une femme "molle", "au ralenti" qui leur est renvoyé. 

 

La méconnaissance des modifications physiologiques liées à l'allaitement conduisent à une confusion : l'allaitement n'induit pas un épuisement. Bien au contraire, c'est l'allaitement qui en protège la jeune accouchée. Comprendre ce phénomène a été une révélation pour moi. Je m'émerveille à chaque fois que je découvre combien notre corps est notre allié. 

La maturation du sommeil chez le tout-petit

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Ma formation avec Ingrid Bayot sur le sommeil est venu confirmer ce que je pressentais : le bébé à la naissance, y compris né à terme, est un organisme encore immature dont la survie dépend d'un autre organisme mature, sa mère.

 

Le développement du cerveau continue au même rythme du début de la grossesse à la fin de la première année de l'enfant.

 

Une nuit de sommeil de huit heures pour un bébé tout juste né est ainsi tout simplement hors de ses capacités. Le lui demander revient à plaquer notre modèle d'adulte sur un être qui en est physiologiquement incapable. Heureusement pour les parents, le cerveau de bébé mûrit tout comme le sommeil qui y naît. 

 

Savez-vous que, chez le nouveau né, le sommeil est la forme principale d'activité cérébrale ? Le bébé né à terme dort beaucoup. Ses éveils sont courts, irréguliers, imprévisibles et groupés.

 

 

Savez-vous également que le rythme éveil/sommeil précède les rythmes alimentaires ? Ce n'est pas la sensation de faim qui réveille bébé, c'est seulement parce que c'est la fin de son cycle. Une fois réveillé, il recherche, par réflexe, ce qu'il a connu dès la vie intra-utérine, à savoir la succion.

 

A la naissance, le bébé vit des périodes de veille et de sommeil sans faire la différence entre le jour et la nuit. Il va progressivement intégrer cette dimension à partir de l'âge d'un mois, s'il est né à terme. Les plages de sommeil en journée vont progressivement laisser la place à des temps d'éveil. Plutôt que de voir les nombreux réveils comme une contrainte dans la vie du jeune parent, je propose d'y voir autant d'occasions de nourrir son tout-petit et d'entrer en interaction avec lui pour ainsi l'aider à se développer.  

Le cap des six semaines

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Avant ses six semaines, le bébé s'endort en sommeil agité puis passe en sommeil calme, au contraire de l'adulte qui commence sa nuit par du sommeil calme. L'endormissement de l'enfant est rapide comme un bouton ON/OFF et peut laisser croire aux parents qu'ils ont tiré le bon numéro.

 

Autour de six semaines, le bébé découvre les endormissements en sommeil calme. Les premières expériences se passent généralement en fin de journée lorsque le bébé est plus agité. Il va rater les endormissements en sommeil agité et finir par tester le sommeil calme.

 

Les endormissements en sommeil calme sont plus longs qu'en sommeil agité. Ils peuvent être déroutants pour l'enfant qui « se sent partir ». C'est un défi qui peut passer par une phase de résistance à l'endormissement ou par des pleurs d'inconfort.

 

Les parents peuvent alors se sentir impuissants. Pour la première fois, ils ne peuvent pas faire « à la place ». C'est un chemin que le bébé doit parcourir seul, l'endormissement étant un phénomène autonome. Cet apprentissage peut plus ou moins poser des difficultés au bébé. La bonne nouvelle, c'est qu'un bébé qui acquiert un endormissement en sommeil calme enchaîne plus facilement les cycles de sommeil.

 

J'ai fait partie de ces parents non informés de ce cap des six semaines. J'ai été déstabilisée par ces nouvelles difficultés d'endormissement. J'ai cru que "secourir" ma fille à la première seconde d'inconfort était la solution. Mon chemin de parent qui fait confiance aux capacités de son enfant et l'accompagne pour qu'il aille au-delà de ses angoisses d'endormissement, j'ai fini par le faire, deux ans plus tard. Il est possible de faire autrement heureusement. A suivre. 

Ce article est le premier d'une série dédiée au sommeil du tout petit et son accompagnement par ses parents.

Si vous souhaitez aller voir ce que je raconte dans le deuxième article, c'est ici.

Et si le troisième vous intéresse, c'est ici.


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